- SOMMAIRE
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"Lentement, mais
sûrement, vers un Holocauste palestinien"
Déclaration de Richard A. Falk (professeur
émérite de droit international à Princeton)
Publié le jeudi 6 mars 2008 sur le site :
Mondialisation.ca
- Nul
doute que lHolocauste nazi ait été aussi
proche que possible du mal absolu tel quil
a été révélé tout au long de lhistoire
sanglante de lespèce humaine. Son
caractère massif, son intention génocidaire
affichée et son recours à la mentalité et aux
possibilités techniques de la modernité
confèrent à sa mise en oeuvre dans les camps de
concentration dEurope un statut spécial
dans notre imaginaire moral. Ce statut spécial
est exhibé, au moyen de la présentation
continuelle de ses réalités sanglantes, par des
films, des livres et toute un ensemble dartefacts
culturels, plus de soixante ans après que les
événements dont il est question aient cessé.
La mémoire permanente de lHolocauste est
maintenue en vie, par ailleurs, par lexistence
de plusieurs muséums prestigieux, voués
exclusivement à la description des horreurs qui
se sont produites durant la période où les
nazis étaient au pouvoir en Allemagne.
Dans ce contexte, il est particulièrement
douloureux, pour moi qui suis juif américain, de
me voir dans lobligation de décrire les
mauvais traitements en cours et croissants
infligés par Israël au peuple palestinien en
devoir recourir à une métaphore aussi
incendiaire que celle de l
"holocauste". Ce mot est tiré du grec
holos (qui signifie "totalement,
complètement") et kaustos (qui
signifie "brûlé"). Il était utilisé
en grec ancien pour signifier la calcination
complète dune offrande sacrificielle sur lautel
dune divinité. Un tel contexte impliquant
une action rituelle, il y a une certaine
tendance, dans la littérature juive, à lui
préférer le mot Shoah, en hébreu,
qui peut être traduit en gros par « calamité,
catastrophe », et qui fut choisi en 1985 pour
titre du film dune durée de neuf heures,
relatant les conséquences du nazisme, du
réalisateur français Claude Lanzmann. Les
Allemands eux-mêmes étaient plus
"hygiénistes" dans leur terminologie,
puisquils appelaient officiellement leur
projet : "Solution finale de la question
juive". Cette désignation, bien entendu,
est inexacte, étant donné que plusieurs autres
identités furent aussi les cibles de cette
agression génocidaire, dont les Roms et les
Sinti (les Tziganes), les Témoins de Jéhovah,
les homosexuels, les handicaps, les opposants
politiques.
Est-ce une exagération irresponsable que dassocier
le traitement infligé aux Palestiniens avec ce
palmarès criminel datrocités collectives
perpétrées par les nazis ? Je ne le pense pas.
Les derniers développements dans la bande de
Gaza sont particulièrement dérangeants
précisément parce quils expriment une
intention absolument délibérée, de la part dIsraël
et de ses alliés, de soumettre une communauté
humaine entière à des conditions mettant sa vie
en danger de la plus extrême cruauté. La
suggestion que ce type de comportement est en
réalité un holocauste en devenir représente un
appel quasi désespéré adressé aux
gouvernements du monde entier ainsi quà lopinion
publique internationale leur demandant dagir
urgemment afin dempêcher que ces tendances
génocidaires ne culminent dans une tragédie
collective. A supposer que léthos dun
"devoir de protection", récemment
adopté par le Conseil de sécurité de lOnu
comme fondement des "interventions
humanitaires" ait une applicabilité, il
consisterait à agir immédiatement afin de
commencer à protéger la population de Gaza
contre de nouvelles douleurs et de nouvelles
souffrances. Mais il serait irréaliste dattendre
de lOnu quelle remue le petit doigt
devant cette crise, étant donné le soutien
inconditionnel des Etats-Unis à Israël, surtout
si lon prend en ligne de compte lénergie
avec laquelle les gouvernements européens ont
prêté main-forte aux récents efforts illicites
visant à écraser le Hamas, en tant que force
politique palestinienne.
Même sil était reconnu que les pressions
exercées sur Gaza ont une potentialité
génocidaire, et même si limpunité dIsraël,
sous le parapluie géopolitique américain était
rangée au placard, il est très peu certain quune
quelconque forme daction protectrice serait
entreprise à Gaza. Il y avait eu de forts
signaux avertisseurs, en 1994, dun
génocide à venir au Rwanda, et pourtant, rien navait
été fait pour lempêcher ; lOnu et
le monde entier ont regardé sans rien faire,
tandis que se déroulait le massacre de
Bosniaques, à Srebrenica, en 1995 - incident que
la Cour Internationale de Justice a qualifié de
« génocide », voici de cela quelques mois ; de
même, il y a eu des allégations réitérées dun
comportement génocidaire au Darfour, tout au
long des dernières années écoulées, or la
communauté internationale na pour ainsi
dire pas bougé le petit doigt, ni afin de
protéger les personnes menacées, ni pour
résoudre le conflit en répartissant de manière
équitable le pouvoir et les ressources
naturelles entre les groupes ethniques en
conflit. Mais la situation à Gaza, du point de
vue moral, est pire, et de très loin, bien que
des décès massifs ne sy soient pas encore
produits. Cest bien pire, car la
communauté internationale est en train de
regarder le spectacle hideux se dérouler tandis
que certains de ses membres les plus influents
encouragent et secondent activement Israël dans
sa façon de traiter Gaza. Non seulement les
Etats-Unis, mais aussi lUnion européenne,
sont complices, comme le sont ces piètres
voisins que sont lEgypte et la Jordanie,
qui redoutent manifestement que le Hamas ait un
rapport, dune façon ou dune autre,
avec leurs propres problèmes liés à lascension
des Frères musulmans à lintérieur de
leurs propres frontières. Il est utile de
rappeler ici que les démocraties libérales de lEurope
ont rendu hommage à Hitler, lors des Jeux
Olympiques de 1936, après quoi elles ont envoyé
balader des dizaines de milliers de réfugiés
juifs fuyant lAllemagne nazie. Je ne
suggère nullement que la comparaison doive être
perçue comme littérale, mais jinsiste sur
le fait quun certain type de criminalité
associée à laction politique israélienne
à Gaza a été, de fait, soutenu et secondé par
les grandes démocraties du vingt-et-unième
siècle.
Pour étayer ces allégations, il faut prendre en
considération le contexte de la situation
actuelle. Depuis plus de quarante ans, cest-à-dire
en permanence, depuis 1967, Gaza a été occupée
dune manière qui a transformé cette zone
surpeuplée en un véritable chaudron de douleur
et de souffrance de toute une population,
quotidiennement, avec plus de la moitié des
Gaziotes habitant dans de misérables camps de
réfugiés, plus nombreux encore étant ceux qui
dépendent des secours humanitaires pour
satisfaire leurs besoins humains les plus vitaux
et élémentaires. A grands sons de tambours et
trompettes, sous la houlette de Sharon, Israël a
soi-disant mis un terme à son occupation
militaire, et démantelé ses colonies, en 2005.
Ce processus a été dans une très large mesure
une mascarade, Israël ayant maintenu son
contrôle total sur les frontières, lespace
aérien, les eaux territoriales, tout en
affirmant son contrôle militaire sur Gaza,
engageant des incursions violentes, tirant des
missiles sur Gaza à volonté, pour des missions
dassassinats ciblés qui sont en
elles-mêmes des violations du droit humanitaire
international, et trouvant le moyen de tuer plus
de 300 civils gaziotes depuis son départ
physique supposé.
Tout aussi inacceptable que cette première
partie de cette histoire, un tournant dramatique,
vers le pire, sest produit lorsque le Hamas
a remporté les élections législatives
palestiniennes, en janvier 2006. Quelle ironie
amère que le Hamas ait été encouragé, tout
particulièrement par Washington, à participer
à ces élections afin de faire montre de son
engagement vis-à-vis dun processus
politique (en tant qualternative à la
violence) pour se voir ensuite terriblement puni
pour avoir eu la témérité de lemporter !
Ces élections furent placées sous contrôle
international, sous lautorité de lancien
président américain Jimmy Carter, et elles
furent déclarées totalement libres et
démocratiques. Carter a qualifié récemment ce
refus israélo-américain de reconnaître lissue
dun tel verdict électoral démocratique de
« criminel » lui-même. Cela discrédite par
ailleurs gravement la campagne déployée par ladministration
Bush visant à promouvoir la démocratie dans
cette région du monde, une initiative dores
et déjà fortement obérée par le fiasco de la
politique américaine en Irak.
Après avoir remporté les élections
palestiniennes, le Hamas fut châtié, au
prétexte quil se serait agi dune
organisation terroriste qui naurait pas
renoncé à la violence contre Israël et qui
aurait refusé de reconnaître lEtat juif
en tant quentité politique légitime. De
fait, le comportement et lallure du Hamas
sont tout autres. Dès le début de sa création,
le Hamas sest dit prêt à travailler avec
dautres formations palestiniennes, en
particulier avec le Fatah et Mahmoud Abbas, afin
de créer un gouvernement d « union ».
Plus encore, ses dirigeants ont fait montre dune
volonté de progresser vers une acceptation de lexistence
dIsraël, dès lors que ce pays
accepterait, quant à lui, de se retirer à lintérieur
de ses frontières antérieures à 1967, en
mettant enfin en application les Résolutions 242
et 338 adoptées à lunanimité par le
Conseil de Sécurité.
Plus théâtralement encore, le Hamas a proposé
une trêve de dix ans avec Israël, allant jusquà
décréter et mettre en vigueur un cessez-le-feu
unilatéral qui tint plus de dix-huit mois, et
qui ne fut rompu quafin, pour lui, de se
lancer dans des frappes plutôt pathétiques
essentiellement en représailles à de violentes
provocations israéliennes dans la bande de Gaza.
Comme laurait dit Efraim Halevy, ancien
chef du Mossad (service de renseignement
israélien) : « Ce dont Israël a besoin, de la
part du Hamas, cest dune fin des
violences, et non dune reconnaissance
diplomatique. » Et cest précisément ce
que le Hamas a offert, et quIsraël a
rejeté.
Larme principale à la disposition du
Hamas, et dautres éléments palestiniens
extrémistes, cétaient les missiles
Qassâm, qui causèrent la mort de pas plus de 12
civils israéliens en six ans. Même si chaque
mort de civil est une tragédie inacceptable, il
y a une telle disparité dans les ratios des
morts et des blessés des deux côtés que cela
remet en cause la logique sécuritaire consistant
à infliger en permanence une force excessive
ainsi que des punitions collectives à la toute
la population de Gaza en état dinsurrection,
laquelle est considérée, à juste titre, comme
la population carcérale de la plus grande prison
du monde.
Bien loin duser de diplomatie et de
respecter les résultats délections
parfaitement démocratiques, Israël et les
Etats-Unis ont pesé de tout leur poids pour
renverser le résultat des élections
législatives de 2006 en organisant un ensemble dinitiatives
internationales visant à faire échouer le Hamas
dans sa gouvernance de la bande de Gaza. Ces
efforts furent renforcés par la mauvaise
volonté associée des éléments vaincus du
Fatah à coopérer avec le Hamas en vue de la
création dun gouvernement susceptible de
représenter lensemble des Palestiniens. La
principale tactique anti-Hamas sur laquelle on
comptait beaucoup consistait à soutenir Abbas en
tant quunique dirigeant légitime du peuple
palestinien, à imposer un boycott économique
aux Palestiniens de manière générale, à
envoyer des armes aux milices du Fatah et à
impliquer des pays voisins dans ces initiatives,
en particulier lEgypte et la Jordanie. Le
gouvernement américain nomma un envoyé
spécial, le lieutenant général Keith Dayton,
quil envoya sur place travailler avec les
forces dAbbas ; celui-ci a contribué à
convoyer 40 millions de dollars dans les
territoires occupés, afin de mettre sur pied la
garde présidentielle [prétorienne] dAbbas,
composée des forces du Fatah fidèles à Abbas.
Cétait là, en loccurrence, une
politique particulièrement désastreuse. Les
milices Fatah, en particulier à Gaza, étaient
depuis fort longtemps largement corrompues, et
elles faisaient souvent usage de leurs armes pour
terroriser leurs adversaires et pour intimider la
population de toutes sortes de manières
violentes. Ce sont ces abus du Fatah qui ont
joué un rôle non négligeable dans la victoire
électorale du Hamas, en 2006, ainsi que le
sentiment largement répandu dans la population
que le Fatah, en tant quactant politique, navait
ni la volonté ni la capacité dobtenir des
résultats quelque peu positifs pour le peuple
palestinien, tandis que le Hamas, au contraire,
avait réussi à résister et à mettre à la
disposition de la population des services publics
quasi unanimement admirés par les Gaziotes.
La phase ultime de cette dynamique interne /
externe allait introduire des dissensions proches
de la guerre civile à Gaza, qui aboutirent à
une prise de contrôle totale par les forces du
Hamas. Par une ironie dont lHistoire a le
secret, tout un ensemble de politiques adoptées
par Israël en partenariat avec les Etats-Unis,
une fois de plus, produisirent un résultat aux
antipodes de leurs effets escomptés. Limpact
du refus de reconnaître les résultats des
élections a rendu (dix-huit mois plus tard) le
Hamas bien plus puissant quauparavant dans
lensemble des territoires palestiniens [cest-à-dire
tant en Cisjordanie que dans la bande de Gaza,
ndt], et il a eu pour effet de placer celui-ci
aux manettes à Gaza. Un tel résultat rappelle
un effet similaire de la Seconde guerre du Liban,
en juillet 2006, qui avait été déclenchée par
la doublette stratégique Israël / Etats-Unis en
vue de détruire le Hezbollah, mais qui a eu pour
conséquence, en réalité, de faire de celui-ci
une force encore plus puissante et respectée,
tant au Liban que dans lensemble du
Moyen-Orient...
Israël et les Etats-Unis semblent empêtrés
dans une logique faussée, qui les rend
incapables de tirer la leçon de leurs erreurs,
et qui leur fait prendre toute déconvenue pour lindication
quau lieu de réfléchir et de mettre la
pédale douce, leur initiative brouillonne doit
au contraire être amplifiée et intensifiée, léchec
ayant résulté (à leurs yeux) du fait quils
auraient fait trop peu de ce qui simposait,
plutôt que de ce qui était pourtant la
réalité, à savoir quils venaient de
faire une énorme connerie...Ainsi, bien loin de
tirer parti de lappel réitéré du Fatah
à la constitution dun gouvernement dunion,
et de ses assurances que son action nétait
pas dirigée contre le Fatah en tant que tel,
mais bien uniquement motivée par le fait que «
nous ne pouvions pas faire autrement que mettre
au pas une petite clique en son sein » (Abu
Ubaya, commandant militaire du Hamas), Israël
semble plus déterminé que jamais à fomenter
une guerre civile en Palestine, à faire payer
les Gaziotes de leur bien-être et de leurs vies
le prix suffisant pour écraser leur volonté, et
pour séparer une bonne fois pour toutes les
destinées de la bande de Gaza de celles de la
Cisjordanie.
La tournure insidieuse prise par loccupation
israélienne est la suivante : pousser Abbas à
se raccrocher à une approche dure, sans aucun
compromis, vis-à-vis du Hamas, illustrée par la
création dun gouvernement « durgence
» non élu, en remplacement du leadership
(démocratiquement) élu. Le Premier ministre durgence
désigné, Salam Fayyad, étant nommé afin de
remplacer le chef du Hamas, Ismaïl Haniyyéh, en
tant que chef du gouvernement de lAutorité
palestinienne. Il est révélateur de se
remémorer que lorsque le parti de Fayyad
participait aux élections de 2006, ses candidats
nont remporté que 2 % des voix... Israël,
rapporte-t-on, serait par ailleurs disposé à
alléger certaines restrictions imposées aux
déplacements en Cisjordanie, de manière à
convaincre les Palestiniens quils
pourraient connaître un avenir meilleur en
répudiant le Hamas et en misant sur le canasson
Abbas, désormais devenu un personnage politique
totalement discrédité, qui a carrément bradé
la cause palestinienne pour se gagner les faveurs
et le soutien dIsraël, et pour simposer
dans la lutte interne pour le pouvoir
palestinien. Afin datteindre ces objectifs,
il est concevable, bien quimprobable, quIsraël
en vienne à élargir Marwan Barghouthi, le seul
dirigeant Fatah crédible, de sa prison, pour peu
que celui-ci soit prêt à accepter lapproche
israélienne Sharon / Olmert en matière de
création dun "Etat palestinien".
Cette dernière initiative est peu probable,
Barghouthi étant le jour et la nuit par rapport
à un Abbas : il est extrêmement peu probable
que Barghouthi accepte autre chose quun
retrait total dIsraël jusquà lintérieur
de ses "frontières" de 1967, avec, y
compris, le démantèlement des colonies
sionistes en Cisjordanie et à Jérusalem Est.
Ce dernier revirement dans la politique
israélienne doit être compris dans le contexte
plus large du refus opposé par Israël à lobtention
dun compromis raisonnable avec le peuple
palestinien, et ce, depuis 1967. La
quasi-totalité des observateurs admettent quun
tel résultat dépend dun retrait
israélien, de la création dun Etat
palestinien doté dune souveraineté totale
sur la Cisjordanie et la bande de Gaza, dont la
capitale serait Jérusalem Est, et dune
aide financière extérieure suffisante pour
ouvrir aux Palestiniens la perspective dune
viabilité économique. La vérité, cest
quil ny a aucun dirigeant israélien
qui nourrisse cette vision ou qui soit partisan
de négocier une telle solution, and cest
la raison pour laquelle le combat va se
poursuivre, avec des violences des deux côtés.
Lapproche israélienne du défi palestinien
est basé sur lisolement de la bande de
Gaza et un saucissonnage de la Cisjordanie
conservant intouchés les blocs dimplantation,
ainsi que lappropriation de la totalité de
Jérusalem, considérée comme la capitale dIsraël.
Cette mise au rencart de la diplomatie a été le
trait dominant du comportement israélien pendant
des années, y compris durant le processus dit
"de paix" dOslo, qui avait été
lancé dans la roseraie de la Maison Blanche, à
Washington, en 1993, par une célèbre poignée
de mains échangée entre Yitzhak Rabin et Yasser
Arafat. Pendant quon bavardait de paix, le
nombre des colons israéliens doublait, des
sommes énormes étaient investies dans des
routes réservées aux colonies et directement
reliées au territoire israélien, et le
processus colonisation israélienne /
éviction des Palestiniens de Jérusalem
Est se poursuivait inexorablement, à grands pas.
De manière significative, également, le «
modéré » Arafat fut totalement discrédité en
tant que dirigeant palestinien capable de
négocier avec Israël, étant traité comme
quelquun de dangereux précisément parce
quil était impatient daccepter un
compromis raisonnable. Il est intéressant de
noter que, jusquà tout récemment, dès
lors quil était devenu (lidiot)
utile pour renverser la victoire électorale du
Hamas, Abbas fut traité par les Israéliens
comme quelquun de trop faible, manquant
trop dautorité pour agir au nom du peuple
palestinien dans un processus de négociation -
une excuse de plus, pour Israël, pour senferrer
dans sa tactique unilatérale adorée.
Ces considérations rendent elles aussi hautement
improbable que Barghouthi soit relâché, à
moins que ne se produise un changement dattitude
spectaculaire du côté israélien. Au lieu duvrer
dans le sens dun forme ou dune autre
dune solution politique, Israël a érigé
une muraille de sécurité aussi
technologiquement sophistiquée quillégale
sur le territoire palestinien, il a étendu les
colonies, il a rendu invivable la vie des 1,4
millions de Palestiniens confinés dans la bande
de Gaza, et il prétend que ces "faits
accomplis" illégaux paveraient la voie en
direction de la sécurité et de la paix !
Le 25 juillet prochain, des dirigeants
israéliens, égyptiens, jordaniens et autorito-palestiniens
vont se rencontrer à Sharm El-Sheikh, sur la Mer
Rouge, afin daller de lavant dans
leur diplomatie anti-Hamas. Israël propose de
libérer 250 prisonniers fathaouis (sur les 9 000
Palestiniens quil détient, à ce jour), et
de refiler les revenus des taxes palestiniennes
à Abbas à tempérament, pour peu que pas un
centime de ces fonds ne soient utilisés dans la
bande de Gaza, où une catastrophe humanitaire
est en train de bourgeonner, de jour en jour. Ces
dirigeants sont convenus de coopérer dans cet
effort visant à briser le Hamas et à imposer
une Autorité palestinienne à direction Fatah
pur sucre à une population palestinienne
rétive. Il faut se souvenir que le Hamas a
gagné les élections de 2006, non seulement dans
la bande de Gaza, mais aussi en Cisjordanie !
Dénier aux Palestiniens leur droit à lautodétermination
garantit un retour de manivelle similaire à
celui produit par des efforts du même acabit,
qui ont le don de générer une version
radicalisée de ce quon souhaiterait voir
disparaître... Comme lont indiqué
certains commentateurs, la seule manière de se
débarrasser du Hamas, cest de le remplacer
par Al-Qaida !
Actuellement, Israël durcit le boycott
économique qui a placé la population de la
bande de Gaza au bord de la famine. Cet ensemble
de politiques, suivies depuis plus de quarante
ans, a imposé une existence infra-humaine à des
gens qui ont été continument et
systématiquement pris pour cible par tout un
éventail de formes particulièrement cruelles de
punition collective. La totalité de la
population de la bande de Gaza est traitée comme
"ennemie" dIsraël, et on se
soucie peu, à Tel Aviv, de reconnaître linnocence
de cette société civile martyrisée depuis si
longtemps. Persister dans une telle approche,
dans les circonstances actuelles, est de fait
génocidaire, et risque de détruire une
communauté palestinienne toute entière, qui
fait partie intégrante dun ensemble
ethnique. Cest cette perspective qui rend
appropriée une mise en garde contre un
holocauste palestinien en puissance, et qui
devait rappeler au monde entier le célèbre voeu
de lère post-nazie : "Plus jamais ça
!"
Traduit de langlais par Marcel Charbonnier
Richard Falk on shamireaders@yahoogroups.com
Première mise en ligne de cet article sur le
site prs12 le 9 juillet 2007
SOURCE : http://www.prs12.com/
Plus de détails :
Le dossier "Proche-Orient"
par Fil-info-France.com
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